Que représente la fleur sur les pavés des trottoirs de la ville?
Le dallage de Barcelone est remarquable.
C’est l’illustration parfaite de la ville comme capitale de l’Art Nouveau en Espagne. Le pavé fleuri est d’ailleurs devenu aujourd’hui un icône que l’on vend: on le retrouve partout en logo, sur les sacs, les mugs ou en cartes postale etc…Nous l’avons nous même utilisé pour nos cartes visites (il y a 10 ans s’était encore original!)
Le pavé de Barcelone, appelé panot, est une pièce de béton armé (ciment hydraulique) qui mesure 20x20cm sur 4cm d’épaisseur. Il est donc très résistant, peu onéreux et facile a changer en cas de besoin. Il recouvre principalement les trottoirs des quartiers de l’Eixample et de Poblenou.
En 1906, sont imposés 5 motifs afin d’unifier un peu le style. C’est la Casa Escofet, grand usine de fabrication de pavé qui a standardisé les dessins afin de faciliter le processus industriel.
Les 4 carrés et les 4 ronds:
Très stylisés. Un pavé divisé en quatre parties égales et au centre de chaque carré, un cercle. Assemblés sur une belle superficie, le dallage ressemble à un découpage symétrique et ordonné, parsemé de points tel un jeu de dominos. On peut encore le voir sur de nombreux trottoirs mais il a tendance à disparaître…dommage!
Le losange:
Très joli et très stylé…
encore des ronds dans un carré avec en son coeur, un losange arrondi, une étoile à quatre branches ou une fleur très simple…au choix!
Ce motif a presque complètement disparu aujourd’hui.
Les 3 cercles concentriques:
3 anneaux qui forment une cible que l’on retrouve sur quelques trottoirs de l’Eixample.
Il est particulièrement élégant et fait penser à l’onde que forme une goutte qui tombe dans l’eau.
Ce pavé n’est plus utilisé aujourd’hui :/
De ces 5 motifs, la mairie de Barcelone n’en utilise aujourd’hui plus que deux:
Les 4 carrés:
La rigueur de la ligne industrielle, la sobriété, le côté rationnel et hygiénique puisque ces lignes permettent à l’eau de s’écouler et évite donc l’effet agua-planning! On l’appelle la tablette de chocolat.
Il est aujourd’hui largement utilisé… En évitant tout symbolisme, il n’en est pas moins beau de part sa simplicité.
et enfin…
La fleur:
A la fin du XIX ème siècle Barcelone connaît une forte expansion économique et urbanistique.
En effet, cette période de la Révolution industrielle marque l’entrée dans l’ère moderne: l’éclairage publique, le tout-à-l’égout et le dallage des rues sont de bons exemples.
Cette période est aussi reconnue pour son exaltation au monde végétal -qui inspire dans tous les domaines-:
Les sciences (naturelles: géologie, paléontologie, médecine, etc…), la culture (vestimentaire, alimentaire: inspiration orientale). Les œuvres littéraires (le langage des fleurs), poétiques ou musicales (la guitare espagnole) sont composées par de jeunes artistes-excursionnistes qui parcouraient l’arrière-pays, et même plus loin, en recherche d’inspiration.
Enfin, au niveau de l’architecture, cet enthousiasme pour la nature devient claire avec l’arrivée d’un nouveau style architectural: l’Art-Nouveau (Modernisme). Ce style transforme la rigueur industrielle en courbant ses lignes, en bombant ses balcons, en agrémentant les façades de décorations riches et colorées.
La nature nous soigne, elle nous nourrit, nous pourvoit, nous habille et nous fait comprendre notre histoire…bref, la nature est parfaite puisqu’elle est d’essence divine, disait Gaudí. La nature est aussi un calcul mathématique qui exprime l’harmonie du monde.
Cette fleur est donc une représentation parfaite, stylisée et minimaliste de l’Art Nouveau.