Les JO’92 de Barcelone ont marqué un tournant majeur dans l’histoire récente de la ville
Toutes les infrastructures construites pour les Jeux Olympiques existent encore aujourd’hui et sont quotidiennement utilisées. Ce n’est pas vraiment le cas de la Place des Champions!!
La plaça dels campeons
Voilà bien un endroit on ne peut plus insolite: ignoré de tous, à l’abris des regards…peu de gens dans le quartier connaissent son existence.
Il faut dire que cette place ne donne pas envie de s’arrêter: aucune infrastructure qui invite au repos, les bruits incessants des voitures qui passent en-dessous (la place est en fait une entrée de tunnel de la Ronda Litoral), les bris de verres et la fiente de goélands…bof!
Pourtant…Septembre 1992,
Barcelone est tout feu tout flamme.
La ville vibre encore de la trainée de poudre magique laissée par les JO…C’est une première étape, le tremplin qui a propulsé Barcelone au niveau des autres capitales européennes. ‘Barcelonaaaa’ chantaient Freddy et la Caballé
C’était beau…Montserrat Caballé qui brisait le tabou du SIDA en prenant la main de Freddy Mercury!
Nineteen ninety two…les grands sportifs étaient encore des Dieux de l’Olympe, invincibles (maintenant on sait pourquoi!). Bubka et sa perche télescopique, Lewis qui détrônait ses propres records et les jambes de la Gazelle, Marie Jo’!!! La Dream Team!!! Les athlètes de 1992 se professionnalisent…depuis, nombreux sont ceux qui sont tombés du podium.
Septembre 1992, Barcelone est tout feu tout flamme et les 3 architectes qui ont propulsé la transformation de la ville, Josep Martorell i Codina, Oriol Bohigas i Guardiola et David Mackay décident de laisser un tribut hollywoodien aux grands sportifs du XXème siècle.
Inaugurée par le maire Pascal Maragall, parrainée par la Vichy Catalan (eau pétillante) et le journal sportif ‘El Mundo Deportivo’, la plaça dels campions (place des champions) est un espace singulier: une place sans en être une, plantée entre la Vila Olímpica et la Mare Nostrum.
Pourtant…De l’or au laiton.
Les noms des 257 médailles d’or, toutes catégories, gravés originairement sur des plaques de bronze. 257 petites plaques l’une à côté de l’autre, le dallage de la place rappelant les lignes de séparations sur une piste d’athlétisme. Pour les francophones, on y trouve Pérec et ses 400m lisses, Éric Srecki médaille d’or en escrime, le Suisse Marc Rosset au tennis et pour les Belges…rien, désolée!
Et puis, sur une sorte d’estrade, les empreintes des mains de ces légendes internationales qui étaient venus expressément à Barcelone, certains pour participer, d’autres pour le spectacle: Carl Lewis, Eddy Merckx, Garri Kasparov, Alfredo di Stefano, Magic Johnson, Sergei Bubka, Ladislao Kubala, Pelé, Miguel Indurain et Johan Cruyff…
voilà ce que la place abritait!
Tout un symbole qui, 15 ans plus tard, s’est envolé avec le prix du bronze…
Plus de 100 plaques ont rapidement disparues durant l’hiver 2007. Les dalles avec les mains de Cruyff, Carl Lewis et Magic Johnson aussi. Ce qui est surprenant, c’est qu’elles ont été retrouvées chez un ferrailleur… et non chez un collectionneur! Quelle misère!
Les autres ont été volontairement enlevées afin de ne pas provoquer la tentation des ferrailleurs et revendeurs de métaux. Le bronze est lucratif, on le sait…surtout en période de crise.
Presque en même temps, 70.000 familles de Badalona se sont retrouvées dans le noir pour cause d’un vol de caténaires à la station électrique de Sant Adrià de Besós.
Les plaques ont été remises en 2010, répliques en laiton mieux fixées au sol.
Depuis…Pas grand-chose n’a été fait
Les petites plaques ont donc été remplacé mais les mains des grands athlètes du xxème siècle ont été déplacées au musée du sport de Montjuic.
Les SDF viennent s’abriter sous la tonnelle pour y passer la nuit et s’endorment au doux vrombissement des camions qui leur passent juste en dessous. Le lendemain la police accompagnée de balayeurs les «nettoient». Le week-end cette place sert aux rendez-vous éthyliques et nocturnes de la jeunesse Barcelonaise, cette place étant isolée, suffisamment loin des premiers immeubles pour pouvoir y faire la foire sans se faire repérer!
Mais la Vila Olímpica est un quartier chic « i aixó no es pot! » (c’est la phrase préférée des catalans: « ce n’est pas possible »)
‘Nous voulons que les gens viennent y passer un moment…nous avons pensé mettre des bancs ou bien des balançoires’, explique Mr Giró, président de l’association de voisinage.
La seule chose qui a été faite fut d’y installer «un pipi-can» en 2015 (espace de jeux pour que les chiens du quartier fassent leur besoins). Le pipi-can est protégé par des arbres, on peut s’asseoir et on trouve même une fontaine… c’est mieux qu’un parc infantil!
En attendant, la plaça dels campions est toujours aussi vide et désolée:
‘Volent glorificar tots i cada un dels esportistes triomfadors, aquest quadre d’honor que recorda els memorials de soldats morts en combat, té la fredor habitual de les places «dures» dissenyades pel taller d’arquitectes que acaparà gran part de les obres de la zona.’
c’est à dire…
“A vouloir glorifier chacun des athlètes triomphants, ce tableau d’honneur rappelle plutôt un mémorial pour les soldats morts au combat: elle a la froideur des places ‘dures’ (inhospitalières) dessinées par ce collège d’architectes qui s’est accaparé d’une grande partie des travaux alentours. ”
En conclusion, voilà les mots d’un homme raisonnable à propos de la plaça dels campions. Et je suis tout-à-fait d’accord avec lui!
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